Questions fréquentes

Des questions sur les apprentissages

Comment les enfants vont-ils pouvoir obtenir un diplôme ?

Il est possible de passer le BAC ou tout autre diplôme dans une école démocratique, en se présentant à l’examen en candidat libre.

La plus grande différence est qu’en école démocratique, aucune pression ni incitation n’est exercée sur nos étudiants pour qu’ils passent un diplôme. Aussi, un jeune qui entreprend cette démarche, ne le fait pas par obligation, mais par réelle motivation, que ce soit pour se lancer un défi, ou parce que l’obtention de ce diplôme lui permet de poursuivre son projet personnel..

Chaque jeune qui souhaite se présenter à un examen, va alors évaluer ses besoins, et solliciter l’aide nécessaire pour préparer les épreuves, et s’inscrire à l’examen. Pour certains, la présence régulière de facilitateurs d’apprentissages ou d’intervenants extérieurs sera nécessaire, d’autres se tourneront plutôt vers leurs pairs, ou fonctionneront de façon plus autonomes, à partir des ressources disponibles (manuels, sites Internet, livres, documentaires,etc…).

Les facilitateurs sont donc là pour soutenir le jeune dans son projet, en partageant leur expérience et leurs connaissances, mais comme pour tout autre apprentissage ou projet, la préparation d’un examen est réalisée en grande autonomie.

On pourrait aussi se poser la question autrement : « et si mon enfant décidait de ne pas préparer de diplôme ? »…

La grande majorité des jeunes étudiants d’écoles démocratiques passent un diplôme et poursuivent leurs études. Pour autant, certains préfèrent s’orienter vers des carrières artistiques, créent leur entreprise, ou choisissent une voie ne nécessitant pas forcément de diplôme… Notre posture vis à vis de cela est très claire : nous faisons confiance à chaque jeune pour prendre les décisions et responsabilités sur sa propre vie, persévérer dans les domaines qu’il choisit, s’engager dans les formations qui ont du sens pour lui, à un moment donné de sa vie.

Et puis, il n’y a pas d’âge pour passer le BAC…

Les enfants ne vont-ils pas passer à côté de nombreuses connaissances ?

Effectivement, comme tout enfant quel que soit son parcours scolaire, votre enfant va passer à côté d’une infinité de savoirs… parce que de nos jours, l’étendue des connaissances est tellement vaste qu’il est impossible de connaître tout ce qui existe…

Dans les écoles qui fonctionnent avec un programme, un choix est fait pour l’enfant, à travers les matières scolaires, pour définir ce qui mérite ou non d’être appris. On leur impose donc des disciplines qu’ils n’ont pas choisies, ainsi qu’un rythme qui ne leur convient pas nécessairement.

A l’école Créactive, nous n’opérons aucune hiérarchisation des savoirs et sommes convaincus que tous les domaines de connaissance se valent. Ainsi, un enfant qui passerait ses journées à faire des mathématiques n’est pas considéré comme plus intelligent qu’un autre qui préfèrerait s’adonner au jardinage ou au sport.

Partant de ce postulat, nous considérons que tous les domaines de connaissance doivent être accessibles, ce que permet l’environnement et l’organisation des écoles démocratiques, à travers notamment :

– Les multiples interactions dans un environnement multi âges

– La liberté de mouvement et les possibilités d’exploration, d’expérimentation,

– Les ressources mises à disposition, qui couvrent domaines de connaissance correspondant à l’acquisition du socle commun, mais vont bien au-delà des sujets traditionnellement abordés à l’école

Dans une école à pédagogie classique, les enfants sont mis dans une posture où ils attendent que le savoir leur soit apporté par l’adulte. A l’école Créactive , ils sont acteurs de leurs apprentissages, sans contrainte ou méthode spécifique imposée.

Et pour ce qui concerne l’apprentissage de la lecture, de l’écriture, du calcul ?…

Tout être humain a besoin de parler pour interagir avec son environnement, et dans notre environnement actuel, il en est de même pour lire, écrire et compter, compétences qui sont appelées fondamentales pour une bonne raison : il est difficile de vivre sans.

Dans les écoles démocratiques, tous les enfants sans exception apprennent à lire, écrire et compter sans recevoir forcément d’enseignement formel de la part d’un pédagogue diplômé… tout comme ils ont appris à marcher et parler sans contrainte, programme ou méthode

Et si un enfant ne veut rien faire, vous faites quoi ?

Dans notre école, tous les membres sont considérés comme des personnes, libres de choisir la manière dont ils souhaitent occuper leur journée… ce qui peut être, certains jours, de décider de ne rien faire… et nous respectons cela.

Et puis, que signifie réellement « ne rien faire » ?… Réfléchir, méditer, imaginer, observer… est-ce ne rien faire ?

Dans ce type de réflexion, « Faire » est souvent rattaché à l’idée de quelque chose de visible, et qui ait du sens pour celui qui observe. Ainsi, pour certains « discuter » ou « jouer », c’est « ne rien faire »… quand nous considérons que ce sont d’excellents supports d’apprentissage, et moyens de s’ouvrir à de nouveaux domaines de connaissance.

Et s’il s’ennnuie ?

Nous n’avons pas vocation à assister un membre qui s’ennuierait en lui proposant des activités…. et nous pensons qu’il est important de reconsidérer l’ennui à sa juste valeur.

Dans notre société de loisirs, tout est là pour tenter de remplir le moindre vide qui pourrait laisser place à la réflexion… et dès leur plus jeune âge (dès la crêche) les activités proposées aux enfants s’enchainent, pour ne pas laisser s’installer l’ennui. Le désoeuvrement est perçu comme négatif, associé à des notions de non productivité, de fainéantise, de dépression…

Pourtant, il possède aussi son versant positif. L’oisiveté est source de créativité, de découvertes, de réponses aux questions que nous n’avions pas jusque là… elle permet de développer l’imaginaire, la connaissance de soi.

Et si mon enfant décide de jouer toute la journée ?

Pour répondre à cette question, il nous semble opportun de laisser la parole à André Stern, auteur du livre  » JOUER, faisons confiance à nos enfants »

« Le jeu est pour l’enfant la manière la plus directe de se connecter à la vie de tous les jours, à lui-même et au monde. Le jeu libre est pour lui une nécessité, une prédisposition, un penchant, souvent un impératif. Il est un accomplissement profond. » André Stern

 

Comment les enfants vont-ils apprendre la frustration ou le goût de l'effort

Le goût de l’effort…
Il est fréquent de relier la notion d’effort à l’idée de contrainte, et à des sensations négatives (pénibilité, frustration, …). Pourtant, dès son plus jeune âge, l’enfant est capable de mettre en œuvre, spontanément et avec beaucoup d’enthousiasme, des efforts considérables pour arriver à atteindre ses buts.  Parce qu’il sait ce qu’il veut, il peut mettre en place des actions et stratégies cohérentes pour l’obtenir, avec d’autant plus d’implication que sa motivation est grande.

Ainsi, lorsqu’on se consacre à des activités que l’on aime, lorsqu’on a un intérêt pour ce que l’on fait, lorsqu’on est passionné et enthousiaste,… alors nous sommes tous capables de mettre en œuvre des efforts prolongés et une énergie considérable pour atteindre l’objectif que l’on s’est fixé. C’est dans ces conditions que l’on peut donner le meilleur de soi-même, se dépasser, et ainsi contribuer au mieux à la société. C’est ce mécanisme et cette notion de l’effort qui se joue à l’école Créactive.

…et la frustration !

« Dans la vie, on ne peut pas faire tout ce qu’on veut » … c’est vrai ! Et en école démocratique non plus… « Être libre » ne signifie pas ne pas vivre de contrainte ou de frustration.

Il y a une différence entre les limites imposées par la vie en société, et les obligations que l’on impose aux enfants concernant leurs apprentissages. Lever les obligations de résultat scolaire, de modalité d’apprentissage ou d’évaluation, n’équivaut pas à soustraire l’enfant des contraintes de la vie en société. La vie est déjà pleine de défis, nous ne pensions pas qu’il soit utile de créer des obstacles artificiels, surtout si ces difficultés n’ont rien à voir avec ceux de la vie réelle. Au cours de leurs projets, les jeunes sont confrontés à des défis concrets, des situations qui nécessitent une grande persévérance, des échecs et des conflits, et des décisions parfois lourdes de conséquences pour eux-mêmes et leur groupe… Pour cette raison, nous considérons que notre école prépare les enfants à la « vie réelle » comme aucune autre, car elle va leur permettre de développer toutes ces méta-compétences qui leur seront indispensables pour s’épanouir dans le monde de demain : confiance en soi, aptitude à la prise d’initiative, imagination et créativité, capacité à délibérer et argumenter dans un cadre collectif, responsabilité, civisme…

A l’école Créactive, les enfants doivent respecter un cadre, composé de nombreuses règles pour le respect des autres, de l’environnement, du matériel, la sécurité,… ce qui génère au quotidien des frustrations, chez les membres de tous âges. La nécessité de s’autogérer pour respecter les règles, le « vivre ensemble », impliquent un vrai travail sur soi et un haut degré de maturité. On pourrait comparer l’entrée en école démocratique au passage à la vie d’adulte (ou d’étudiant en 1ère année) : élargissement soudain des libertés et des responsabilités qui vont avec, décisions à prendre, confrontation à des situations nouvelles, etc… La soudaine responsabilité de soi a quelque chose de vertigineux, et l’expérience des écoles démocratiques démontre les bénéfices d’offrir aux enfants cette possibilité de prendre leur vie en main dès le plus jeune âge.

Des questions sur le quotidien dans l’école

C'est quoi une journée"type" à l'école Créactive ?

Il n’existe pas vraiment de journée type à l’école Créactive.

Seuls quelques évènements viennent rythmer le quotidien de ses membres :

– l’Agora, chaque matin à 10h

– les tâches de ménage, à 15h30

Tous les jours, se tiennent aussi les conseils (conseil de justice ou conseil d’école), de 12h à 13h30, auxquels les jeunes peuvent choisir de participer ou non…

En dehors de cela, le programme est libre, et change tous les jours… en fonction des saisons, de la météo, des découvertes, des rencontres !

Pour certains, une routine s’installe avec des activités régulières… pour d’autre, chaque journée est différente. Des activités collectives sont organisées sur proposition d’un ou plusieurs membres, mais seuls les enfants intéressés y participent.

Est-ce que les jeunes font des sorties ?

Oui, des sorties peuvent être organisées, à la demande d’un ou plusieurs membres de l’école.

Il peut s’agir de sorties de quelques heures (nature, sportive, culturelle…) ou de quelques jours (classe verte).

Elles sont validées en conseil d’école ou par la commission « sorties », en fonction des ressources nécessaires pour réaliser la sortie (moyens humains, matériels, financiers…).

Chaque membre reste libre de participer ou non à ces sorties.

Comment gérez-vous l'accès au matériel fragile ou dangereux ?

Pour pouvoir utiliser librement et de façon autonome le matériel fragile ou dangeureux (bouilloire, four, fer à souder, microscope, instruments de musique, machine à coudre, ordinateurs,…), les membres de l’école doivent obtenir un « certificat ».

Le certificat s’obtient après avoir été sensibilisé aux risques liés à l’utilisation de ce matériel (pour soi, pour les autres, pour le matériel), et avoir pu montrer son aptitude à l’utiliser de façon adéquate.

En cas d’utilisation inadaptée du matériel en question, le membre concerné peut se voir retirer le certificat par le conseil de justice, et devra alors le repasser.

Que font les adultes présents dans l'école ?

Le quotidien des adultes, comme celui des enfants, varie chaque jour en fonction des sollicitations reçues, des projets validés, des incidents rencontrés, des sorties ou ateliers programmés, des idées partagées, des responsabilités à assumer, …

Par moment aussi, il s’agit juste de se poser là, se rendre disponible, rester à l’écoute… un équilibre parfois difficile à trouver entre le volume de travail à effectuer pour assurer le bon fonctionnement de l’école, et la nécessité de ralentir, pour vivre l’instant et permettre aux échanges d’avoir lieu.

Le rôle des facilitateurs est également décrit à la page « l’équipe ».

Des questions sur l’après…

Et si mon enfant veut faire des études supérieures ?

Une majorité des jeunes des écoles démocratiques passe par le Bac et suit une formation universitaire.

Le livre the lives of Subdbury alumni (2005) est un sondage de ce que sont devenus les centaines d’anciens de Sudbury-Valley aux Etats-Unis. Parmi eux, 80% finissent par aller à l’université, et obtiennent habituellement leur premier choix.

Par ailleurs, les enfants qui issus des écoles démocratiques s’adaptent généralement très bien au format de l’université.

Peter Gray en parle dans son livre Libre pour Apprendre (p136) :“(…) aucun des diplômés (de la Sudbury Valley School) ne se plaignait de difficultés à s’adapter au cadre formel que représente l’université ou un emploi. Ceux que nous avons pu questionner à ce sujet au cours des entretiens ont expliqué à l’unisson que le choix de poursuivre leurs études ou d’exercer un métier particulier était le leur, qu’ils aimaient ce qu’ils faisaient et qu’ils étaient tout à fait en mesure d’accepter les règles que ces engagements impliquaient. Des individus qui avaient été en rébellion à l’égard du travail scolaire imposé lorsqu’ils n’avaient pas leur mot à dire, c’est à dire avant d’entrer à Sudbury Valley, acceptaient les contraintes de l’université et d’un emploi parce que cela procédait de leur choix. Ils soulignaient également qu’ils avaient ressenti davantage de liberté pendant chaque jour et chaque minute passés à l’université ou à exercer un métier qu’ils n’en avaient connue dans les écoles conventionnelles qu’ils avaient fréquentées.”

En France, l’obtention d’un BAC reste encore nécessaire pour accéder à certaines formations supérieures, et les jeunes des écoles démocratiques, bien ancrés dans la réalité du monde qui les entoure, suaront qu’ils doivent préparer cet examen, passerelle nécessaire à la réalisation de leur projet.

Pour les non-bacheliers, certaines formation et diplômes restent accessibles :

– les BTS,

– le certificat de capacité en droit

– la capacité en gestion des entreprises,

– certains diplômes d’Etat, dans les métiers du social et du paramédical (assistant dentaire, aide-soignant, auxiliaire puériculture), ou encore dans les domaines du sport, de l’animation, et de la culture,

– le Conservatoire national des arts et métiers, qui propose des cours du soir ou à distance, ouvre certaines de ses formations aux non-bacheliers,…

Enfin, de nouvelles écoles à pédagogies innovantes se crééent, et proposent des formations supérieures sans condition de diplôme (simplon, ecole 42,…)

Est-il possible de réintégrer une école classique après l'école Créactive ?

Il arrive fréquemment, pour différentes raisons (déménagement, souhait de l’enfant ou de ses parents, orientation en formation professionnelle, souci financier, etc…), qu’un enfant quitte notre école pour réintégrer une école traditionnelle ou alternative.

Si l’enfant est en primaire, il réintègrera la classe correspondant à son âge, s’il est au collège ou au lycée, il est possible que les services de l’académie ou l’établissement scolaire sollicité lui demande de passer une évaluation de niveau (généralement en maths et français). Nous pouvons les aider à se préparer à cette évaluation.

L’expérience de chaque enfant est unique, mais globalement, la motivation de l’enfant à intégrer ou réintégrer une formation classique sera un élément déterminant de sa réussite.

Des questions sur le modèle

C'est quoi la différence avec la pédagogie Montessori ?

La vision de l’enfance dans cette pédagogie est sensiblement la même que la nôtre.

En effet, Maria Montessori voit l’enfant comme un être à la personnalité unique qui a un rythme d’apprentissage spécifique. Pour elle comme pour nous, la curiosité et la soif d’apprendre de l’enfant sont innées et le rôle de l’école est simplement de laisser s’épanouir cette envie d’apprendre.

Maria Montessori estime que l’enfant connaît des « périodes sensibles », c’est-à-dire des moments d’extrême réceptivité au cours desquels l’absorption des informations qui l’entourent se fait naturellement. Ces connaissances, assimilées dans l’enthousiasme, construisent solidement sa compréhension du monde. L’attitude du personnel enseignant se doit donc d’être observatrice mais peu interventionniste, afin de ne pas interférer dans ce processus cognitif.

C’est par l’absence d’un cadre démocratique impliquant les élèves et par la mise à disposition d’un matériel pédagogique spécifique que l’approche Montessori diffère le plus de la philosophie Sudbury.

En effet, nous ne limiterons pas les enfants à un matériel éducatif spécifique. Nous privilégierons l’accès à l’environnement du quotidien. Celui-ci permet les mêmes apprentissages sensoriels et cognitifs autonomes, sans effectuer de séparation entre les apprentissages scolaires et la vie quotidienne.

Créer du matériel éducatif dirige les enfants vers certaines activités dont l’adulte attend des résultats spécifiques.

Or, l’un des principes fondamentaux de notre approche éducative est que les adultes n’ont pas besoin d’influencer, de juger ou d’évaluer les activités choisies par les enfants, car nous estimons (et l’expérience des autres écoles de type Sudbury le prouve) que ceux-ci disposent naturellement des outils pour acquérir les connaissances et compétences nécessaires pour mener une vie d’adulte satisfaisante.

Le rôle des adultes est plutôt de soutenir les élèves et d’avoir confiance en leur capacité de prendre des décisions sensées et d’apprendre de leurs erreurs.

Par ailleurs, les élèves en école Sudbury peuvent participer à l’élaboration et l’application des règles et du fonctionnement de l’école.

C'est quoi la différence avec les techniques Freinet ?

On compare parfois les écoles Sudbury aux écoles Freinet. Il est vrai que l’approche Sudbury rejoint bon nombre des « invariants pédagogiques » formulés par Célestin Freinet.

Freinet défendait en outre que l’apprentissage n’est efficace que s’il est motivé, non-contraint, et s’il n’est pas coupé de la vie quotidienne et du monde extérieur, ce qui rejoint tout à fait notre approche. Il parle aussi de l’expression libre, du dessin libre, du jardin scolaire, qui sont autant d’éléments existant également dans notre école.

Enfin, la méthode Freinet entend préserver les enfants du sentiment d’échec jugé inhibiteur et destructeur. Notre vision de l’échec est différente : nous avons la conviction que les échecs font partie du processus d’apprentissage et de perfectionnement.

C'est quoi la différence avec les lycées auto-gérés ?

On peut également rapprocher les écoles Sudbury des lycées autogérés. En effet, l’organisation de ces établissements n’est pas hiérarchique, les élèves et le personnel enseignant prennent collectivement part aux décisions qui relèvent de la vie de l’établissement. Il n’y a pas dans ces lycées de notation obligatoire, ni de séparation des élèves par âge, la fréquentation des cours est libre et les élèves s’auto-évaluent. Nous partageons donc de nombreuses valeurs, comme la responsabilisation, le libre-choix, l’absence de classes d’âge et l’organisation démocratique.

C'est quoi la différence avec la pédagogie institutionnelle ?

Dans le prolongement des méthodes Freinet, la pédagogie institutionnelle (dite aussi « coopérative »), fondée par Fernand Oury et Raymond Fonvieille, rejoint notre volonté d’instaurer des institutions à même de créer un cadre sécurisant où l’on est respecté et où l’on a envie d’apprendre, et de permettre aux enfants d’acquérir les aptitudes qui leur permettront de s’épanouir dans la vie future.

Notamment, elle se propose d’établir, créer et faire respecter des règles de vie dans l’école, par des institutions appropriées telles que le Conseil Coopératif qui équivaut à notre Conseil d’école, le “Quoi de neuf ?” qui s’apparente à nos annonces à l’Agora du matin et les ceintures de compétences qui se rapprochent de nos certifications.

Selon cette pédagogie institutionnelle, si l’enfant perçoit le lieu classe comme un endroit de repères, de sécurité et de vie où l’on peut régler des questions, il va progressivement prendre en charge sa vie d’écolier. Il va garder ou retrouver le goût d’apprendre, à travers son engagement et ses initiatives. Nous partageons cette vision pédagogique.

Dans la pédagogie institutionnelle, les progrès des élèves y sont évalués sous forme de ceintures de compétences, censées favoriser la coopération entre les élèves. Les couleurs de ces ceintures correspondent à divers degrés de maîtrise d’une compétence, sur le principe des ceintures des judokas. Dans les écoles Sudbury ouvertes depuis de nombreuses années, on observe qu’il n’est pas nécessaire d’avoir recours à un indicateur matériel pour que les élèves coopèrent. Seuls les certificats et les mini-cv, affichés dans l’école, permettent d’identifier des compétences particulières chez certains membres.

C'est quoi la différence avec l'approche Steiner ?

Selon Rudolf Steiner, l’école ne doit pas se limiter à transmettre des savoirs académiques, mais favoriser l’épanouissement de chaque enfant et l’aider à trouver sa voie, ce qui rejoint notre vision de la finalité de l’école. Toutefois, les moyens mis en œuvre par les écoles Steiner diffèrent de l’approche Sudbury.

Dans ces écoles, les élèves suivent un programme obligatoire qui vise à développer leur potentiel intellectuel, manuel et artistique, en conformité avec la vision du monde anthroposophique de Rudolf Steiner. L’emploi du temps laisse davantage de place aux activités jugées essentielles au bon équilibre de l’enfant, comme le jardinage, la musique et les arts plastiques, qu’aux cours plus académiques comme le français ou les mathématiques. Ces écoles accordent une grande importance aux fêtes et cérémonies, qui doivent relier les humains aux rythmes du cosmos. L’eurythmie, une danse dont Steiner estimait qu’elle aide les humains à harmoniser leur corps et leur esprit, est au programme obligatoire de toutes les écoles Steiner. Les enseignements sont un peu plus personnalisés à partir de la seconde, avec l’introduction de cours optionnels.

Le programme des écoles Steiner laisse donc moins de place aux apprentissages autonomes et aux initiatives individuelles, et hiérarchise les activités en fonction d’un objectif de développement holistique de l’enfant. L’école Sudbury entend quant à elle permettre à l’enfant de s’épanouir et de développer son potentiel non pas à travers un programme alternatif, mais en laissant chaque enfant déterminer son propre programme, dans un cadre démocratique sécurisant et garant du bien-être et des libertés de chaque élève.